Touria el Asri, électromécanicienne à la STIB
Cette semaine, nous avons interviewé une femme inspirante... Touria el Asri, électromécanicienne à la STIB, la seule femme en Belgique qui répare et entretient les rames de métro! Retour sur cet interview qui sort de l'ordinaire.
Touria el Asri, électromécanicienne à la STIB, la seule femme en Belgique qui répare et entretient les rames de métro!
Pouvez-vous expliquer votre métier en quelques mots ?
Je m’appelle Touria el Asri, électromécanicienne à la STIB. J’entretiens et je répare la rame du métro pour que les citoyens bruxellois et non bruxellois puissent arriver à bon port. Il s’agit de maintenir et entretenir le matériel et faire en sorte qu’il fonctionne.
D’où vous est venue l’idée de travailler dans cette entreprise ?
Elle date de très longtemps ,vous savez, je suis née en Belgique, je suis une vraie Brusseleer.
Quand je prenais le tram, étant enfant, il y avait des portes avec une bandelette verte au milieu: -c’était magique de se dire que quand on appuyait sur cette bandelette les portes s’ouvraient. Moi j’étais toujours émerveillée et je me demandais comment ça fonctionnait ?
Ensuite, il y avait aussi la pointeuse où on ponctionnait notre carte et une partie de celle-ci se retirait, l’heure et la date se notaient automatiquement dessus. Et je me disais comment est-ce que ça fonctionne ?
J’étais émerveillée par l’aspect technique, cela éveillait ma curiosité.
Est-il difficile de travailler dans un univers encore très masculin?
Pas vraiment car aujourd’hui on a la chance d’avoir tout un ensemble de choses qui sont mises à disposition pour que tout se passe bien, on éduque les gens à changer de perception.
Pour l’instant, je suis la première femme qui entretient les métros: cela depuis 3 ans et demi, et j’en suis fière.
J’aimerais bien avoir une collègue femme. Les collègues sont tous bienveillants et c’est un vrai échange, mais cela me manque, d’échanger avec une autre femme à propos du travail.
Au début, ça a été difficile car il faut laisser le temps aux gens d’accepter les choses.
Quelle est votre journée type ?
Il n’y a pas de journée type parce qu’en fonction d’une rame qui rentre, c’est-à-dire un métro, le travail à faire est différent.
Néanmoins, nous travaillons toujours dans la sécurité car nous travaillons avec du 900 Volt, avec du matériel lourd.
Un des échecs le plus difficile que vous avez eu ?
Je n’ai pas fait ce métier-là à la base, c’est vraiment une chance.
Mon histoire elle commence à 17 ans, lorsque je me présente auprès d’un professeur en mécanique ,dans les années 80.
Le professeur a refusé de me prendre dans sa classe et m’a dit :
“ Tu es une fille, tu es marocaine, tu vas avoir 8 enfants, ça ne sert à rien”
Donc j’ai d’abord fait des études d’aide soignante et j’ai travaillé en tant qu’infirmière dans le milieu hospitalier.
J’ai aussi travaillé aux urgences et puis au fur et à mesure du temps il y a eu un changement de direction.
J’étais la dernière arrivée dans un service de gynécologie et de pédiatrie et on m’a remerciée, après 10 ans de service.
Mais comme je ne suis pas quelqu’un qui sait rester sans rien faire et que je ne pouvais pas faire de formation sous préavis, j’ai commencé le bénévolat.
Un jour je m’amusais à nettoyer ma machine à café et je l’ai démontée pour la décalcariser puis je l’ai remontée mais pas correctement. Du coup, je décide d’aller au Repair Café où un monsieur m’a prise en charge et m’a expliqué que je me suis trompée dans une des étapes.
Le monsieur m’a dit :
« Wow, vous avez des mains en or”
et il m’a invitée à aller voir chez Horizon, un centre de formation.
Et sur ce je me lance.
« Je rentre , j’en parle à mon mari, qui lui aussi m’encourage. »
Le lendemain, j’effectue les tests et j’ai été prise directement.
La plus grosse difficulté a été d’étudier avec 4 enfants, une maison.
Mon mari a dû changer son horaire, on n’est pas partis en vacances mais le résultat a été que j’ai pu postuler pour un stage à la STIB puis j’en suis arrivée là: je suis devenue Touria el Asri, électromécanicienne à la STIB.
J’espère que ça va inspirer d’autres jeunes filles et ouvrir des portes à d’autres.
Est-ce que vous pouvez définir votre métier en une seule phrase ?
Plaisir, amour et il était temps !
Je parle surtout de mon parcours. Il faut savoir que je commence à 14h30 et à 14h je suis déjà au local. J’aime bien arriver et prendre le temps, voir les autres.
J’aime bien parler, je suis très sociable, je parle trop !
Un de mes principes c’est de travailler en gaieté même si c’est un travail qui peut paraître “sale”, il n’est pas sale pour moi car je l’ai choisi.
Comment garder un équilibre entre vie professionnelle et vie privée ?
J’ai une recette et je ne sais pas si je la fais bien.
« Il ne faut pas se mettre des barrières, au plus on fait tomber des barrières au mieux on se sent. »
Alors j’essaie de donner du temps à chacun, à la maison on a instauré le système du gant c’est-à-dire que nous mangeons tous ensemble et pas de gsm à table.
On pratique aussi “la météo du jour” à la maison, ça permet de mettre des mots sur des émotions.
Si vous voulez découvrir d’autres femmes inspirantes, nous vous invitons à aller lire l’interview de Johanne Riss