Souffres-tu du syndrome de l’impostrice ?

Sais-tu ce qu'est le syndrome de l'impostrice ? Notre experte Evelyne Faniel t'explique comment le vaincre.

Stéphanie travaille dans une agence immobilière depuis 7 ans. Elle aime beaucoup ce qu’elle fait et son supérieur apprécie son engagement. Il lui propose un poste avec plus de responsabilités. Même si elle ne se sent pas à la hauteur, elle accepte. Depuis, elle arrive avec la boule au ventre au travail en se disant que ses collaborateurs vont finir par comprendre qu’elle n’a rien à faire là. Stéphanie souffre du syndrome de l’impostrice.

Selon une étude américaine de 2018, ce syndrome touche 20% de la population. Parmi elle, une proportion de femmes non-négligeable. Pourtant, ce syndrome reste encore assez inconnu du grand public.

Le syndrome de l’impostrice, c’est quoi ?

Ce syndrome a été défini dans les années 1980 par l’américaine Pauline Rose Clance, psychologue clinicienne et Professeure de psychologie. Selon cette chercheuse, il consiste en un manque de confiance en soi lié à ses réussites académiques et professionnelles. Il se manifeste quand une personne ne se sent pas légitime, malgré ses succès et réalisations remarquables dans le monde du travail.

« C’est l’impression que nous ne sommes pas dignes du rôle que nous avons envie de jouer. Pas à la hauteur de ce que nous avons à offrir au monde, aux autres » explique Evelyne Faniel, coache et formatrice en entreprise. Il touche en premier lieu des personnes particulièrement douées, surdiplômées et n’ayant jamais arrêté de se former. Leur point commun est l’association de ces réussites à des facteurs externes, tels que la chance, les concours de circonstances ou la manipulation de leurs supérieurs.

Comment l’identifier

Généralement, on observe chez les personnes qui développent ce syndrome deux comportements déviants. Le premier est de surcompenser, et l’autre de s’avouer vaincu. En ce qui concerne le premier, cela s’explique par une si grande peur d’être démasqué par son entourage professionnel, que le travail est fourni en double. La personne travaille sans plus compter les heures, et n’arrive pas à rendre un projet tant qu’il n’est pas parfait, voire bien supérieur à ce qui était attendu.

Le second, quant à lui, se caractérise par une attitude inverse. Il est motivé par un sentiment de lâcheté, une peur de ne pas être à la hauteur, de s’humilier et de faire des erreurs. En pratique, cela se traduit par une diminution volontaire de sa contribution et de ses efforts, pour pouvoir expliquer l’échec par d’autres facteurs que ses propres capacités. Ainsi, on retrouve par exemple un manque de préparation pour une entrevue en laquelle on ne croit pas, un refus de participer activement aux réunions importantes et l’acceptation des idées des autres sans échanger les siennes.

On observe différents mécanismes de sabotage, conscients ou non, confirme Evelyne Faniel. Se trouver des excuses, toujours considérer que l’on manque de formation – « ce sont des personnes qui passent un temps incroyable à tout le temps se former, et ils ne se disent jamais assez formés ! » -, et se dévaloriser face aux autres sont des exemples typiques des victimes du syndrome de l’impostrice.

Certains traits de caractère sont propices au développement de ce syndrome: l’introversion, la difficulté d’accepter les compliments, une surestimation des compétences d’autrui et un dénigrement de ses propres compétences, une peur de l’évaluation, une peur de l’échec, une culpabilité en cas de succès… Sans compter l’importance de l’environnement et des messages familiaux. Une personne qui aura sans cesse reçu des messages contradictoires quant à ses performances ou son intelligence, aura plus tendance à se voir à travers ce prisme négatif et se dévaloriser.

Quelle en est l’origine ?

Si les traits de personnalité jouent bien sûr un rôle dans le développement du syndrome de l’impostrice, il est important de prendre en compte les expériences passées et l’environnement dans lequel les victimes ont évolué pour mieux comprendre. Selon Pauline Clance, deux groupes d’imposteurs se distinguent sur la base de leurs contextes familiaux. Avec comme point commun les attentes sociales qui leur sont imposées. Le premier groupe rassemble les personnes qui ont grandi avec un frère ou une sœur que l’on considérait comme « l’intelligent » de la famille. Pour ces individus, même d’excellentes notes à l’école ne suffisaient pas à prouver à leur entourage leurs capacités intellectuelles. Ainsi, le sentiment de ne pas être à sa place prend le dessus et se reporte une fois sur le marché du travail.

Pour le deuxième groupe, c’est plutôt la situation contraire. Elle qualifie des personnes grandement estimées depuis leur enfance, au point qu’elles pensent dépasser les autres, autant sur le plan intellectuel que social et physique. C’est avec le temps qu’elles se rendent compte qu’elles ne peuvent pas répondre aux attentes trop élevées mises sur elles. Elles doivent alors redoubler d’efforts pour obtenir les résultats démesurés qu’elles se

fixent, ce qui les convainc de n’être pas aussi brillantes qu’elles et leurs proches l’ont toujours pensé.

En finir avec le manque de confiance

Comment sortir de ce sentiment de ne pas être à la hauteur une fois qu’il est durablement installé? Evelyne Faniel préconise de travailler sur ses zones d’ombres, « les parts de soi que l’on n’assume pas, que l’on refoule, que l’on renie ». Cet accompagnement des personnes centré sur les freins et les blocages qui les empêchent d’oser, elle en a fait sa spécialité avec son centre OSE.

Son expertise s’est construite à la suite d’expériences qu’elle a elle-même vécues. « Quand j’organisais des formations pour les entreprises à la Chambre de Commerce. Je voyais que je mourrais d’envie d’être à la place des formateurs et de pouvoir aussi transmettre des choses. Mais je me disais: moi je n’ai rien à dire, je suis qui pour ça, je ne pourrais jamais faire comme eux. Je n’ai pas les compétences, je n’ai pas la carrure…. Et encore plus vis-à-vis des chefs d’entreprises parce que je n’étais pas entrepreneure à l’époque, j’étais salariée. Donc j’avais l’impression que les entrepreneurs étaient des gens qui étaient au-dessus de moi. »

Ce syndrome, Evelyne Faniel l’a donc éprouvé, elle aussi, comme de nombreuses femmes. Et ce fut fondateur dans son parcours. « C’est ce qui nous a amené à créer cette entreprise, ma collègue Claude et moi. On n’avait pas confiance en nous, ni l’une ni l’autre. On a fait tout un chemin pour retrouver ça, et pour oser. Et maintenant on accompagne les personnes à oser elles-mêmes, parce qu’on est passées par là. Plus que des théoriciennes, on est des praticiennes. On vit ça dans nos tripes et on aide les autres à passer par les mêmes chemins ».

Leur démarche consiste à faire la paix avec soi et à se réapproprier ses zones d’ombres. Les coaches de OSE utilisent le Peter König System. Une méthode où l’on répète notamment des phrases pour dépasser ses barrières mentales jusqu’à atteindre l’émotionnel. Ce système permet de recréer des connexions neuronales là où elles avaient été brisées.

Une dimension de genre?

Selon l’étude de Béatrice Roy-Prince, « Comprendre le syndrome de l’impostrice afin d’optimiser les ressources en entreprise » (2018), il persiste une relativement grande différence de genre quant au développement du syndrome de l’imposteur dans le monde du travail. L’inégalité des salaires, l’insécurité de l’emploi. La difficulté d’accès à des postes à responsabilités et de développement au sein d’une organisation pour les femmes. Sont des facteurs primordiaux pour expliquer la croissance d’un manque d’estime de soi…

« Enfin libre d’être soi-même » de Evelyne Faniel et Christian Junod ; « Sois-toi et change le monde » de Dain Heer

Le site de Evelyne Faniel: www.O-S-E.be

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